Il y a 14 ans...
Connaître une montée à léchelon supérieur, voilà qui est formidable pour tout footballeur. A Sedan, plus dun la vécue mais le fait dêtre sacré champion de France constitue indiscutablement la
cerise sur le gâteau ! Au CSSA, le dernier titre nous ramène en juin 1991. Il y a 14 ans
Depuis la fin de saison 85-86, le club ardennais connaît une véritable « traversée du désert ». Il demeure pendant cinq saisons en division III dans le groupe Est, ne parvenant pas à retrouver lanti chambre de lélite française.
Au seuil de lexercice 90-91, le Président Roumy voudrait bien que son vu soit exaucé et, pour cela, il enrôle une belle brochette de joueurs : Schaller et Gamiette (Olympique de Charleville), Lecoq (Saint-Étienne), Rolshausen (RFA), Duffour (Villecresnes), Fluck (Cuiseaux) alors que le duo Colomina-Barbin fait le chemin inverse.
Décidément, les Sedanais comblent de joie Président, entraîneur et supporters car, en championnat, ils terminent leur parcours au premier rang juste devant Nancy et
Charleville, dauphins relégués à quatre points !
Cette cuvée ardennaise est digne de ses devancières avec ses qualités de cur, de générosité et on ne voit pas pourquoi elle sarrêterait en si bon chemin
Les Sedanais nont pas attendu -loin de là !- lultime journée pour tout dabord assurer la montée à Baume lIsle. Puis, lors de la venue de Saint-Dié, le titre du groupe Est leur échoit. Ce jour-là, avant le coup denvoi, on leur offre, sur la pelouse, des
bouquets de fleurs individuels.
Alors que le conseil municipal de Sedan évoque une possible subvention, léquipe a le grand mérite de ne pas être démobilisée et elle le prouve en obtenant le nul à Besançon. Du coup, la poule finale se pointe à lhorizon
Outre Sedan, les autres équipes conviées à participer à celle-ci sappellent Amiens, Grenoble, Ancenis, Châteauroux et Perpignan.
A lépoque, le CSSA noccupe pas le haut de laffiche tenu par les Girondins de Bordeaux qui, au terme dun triste épilogue dune saga juridico-sportive, sont relégués en D2 mais aussi par Roger Rocher, le Président de lAS Saint-Étienne, qui ne retourne pas en
prison.
En poule finale, les Sedanais, à Emile-Albeau, ne font pas de cadeau à Ancenis largement battu (5-0) et, en demi-finale, toujours chez eux, ils viennent difficilement à bout de Perpignan qui a mené 2-0 un moment avant de baisser pavillon (3-2).
Alors que la finale est envisagée un temps à Troyes ou à Reims, cest le stade Paul-Chaudon dEpernay qui est retenu. Le coup denvoi y sera donné le samedi 1 er juin 1991 à 20 heures.
Chez les supporters ardennais, lhoraire en a déçu plus dun mais ils sont tout de même décidés à rallier le département voisin.
Quant à Marcel Perrier, le poète et grand-père de Yannick Noah -fils de Zacharie-, il encourage de sa plume des Ardennais qui vendront chèrement leur peau, promis-juré !
En attendant, le CSSA est dans la fièvre car il demande à nouveau le statut pro. Après 53 et 84, lappel sera-t-il entendu ? Pour recruter, il simpose, non ?
Au CSSA, on ne fait pas les choses à moitié ! Pour preuve, léquipe drivée par Michel Thiery prend à la maison le meilleur sur Revin et la voilà qui est propulsée en division IV. Quelle fin de saison en forme dapothéose !
Si lOM, en finale de coupe dEurope, devant lEtoile Rouge de Belgrade, nimite pas le grand Stade de Reims ou les mythiques Stéphanois, toute lArdenne sportive espère secrètement que « son » Sedan reviendra au bercail avec le trophée en mains.
Dans ce but, on n'a pas ménagé ses efforts car tout un chacun sait que ladversaire finaliste, en loccurrence Auxerre, nest pas le premier venu !
Dailleurs, Michel Charlot, de retour au CSSA, accompagné de William Sohier, va au stade de lAbbé-Deschamps pour suivre la demi-finale Auxerre-Amiens. Ils voient Eric Luczkow, lancien gardien sedanais, aller chercher le ballon à quatre reprises au fonds de ses propres filets Il stoppe un penalty, bref « Auxerre, cest une grosse pointure » reconnaît notre duo de superviseurs qui a aperçu le « patron », Guy Roux, sur le bord de la touche. « Il na pas arrêté de râler !» se plait à remarquer lancien boulanger de Torcy
LAJA ayant perdu la finale Gambardella, seule cette finale peut lui permettre de décrocher un titre
ce quelle raffole tant !
Nous voila arrivé au jour « J » et « LArdennais » titre « Sedan, condamné à lexploit, défie Auxerre en finale de D 3 » et « LUnion » évoque « Sedan-Auxerre à Epernay : pour la couronne de D3. Ce final en Champagne a du bouquet
»
En page intérieure, il est rappelé que les Bourguignons, habitués de ce rendez-vous, sont les tenants du titre. « Tout va se jouer sur une rencontre
Si, pour nous, la saison a été longue et éprouvante, espérons que nous ne disputerons pas le match de trop et que, surtout, mes garçons sortiront du terrain sans regret » pronostique, la veille de la rencontre, Michel Le Flochmoan.
Cest décidé : les Sedanais -qui ont sensiblement amélioré leur condition physique sur le terrain de
Villers-Semeuse- quittent la cité de Turenne le jour même du match et ils prennent leur collation au pays des Sparnaciens. Parmi les joueurs absents, Norbert Rolhausen, déplâtré et bien sûr pas encore opérationnel, pas plus que Malik Badji qui relève de blessure ni Carlos Pinho et Eric Duffour qui viennent seulement de reprendre lentraînement.
Le journal « LUnion » informe ses lecteurs que deux autocars « Allez Sedan » gagneront Epernay et précise « 40 francs pour ce déplacement aller-retour, cest donné ! »
Tous ces braves supporters ne regretteront pas davoir quitté les Ardennes sous les coups de 17 heures car, « LArdennais », en première page, titre « Sedan : lexploit » et « LUnion » y va du « Sedan champion de France quarante ans après ».
Au coup denvoi donné par M. Salon, devant 800 spectateurs, Sedan se présente avec Pourchaux, Hallou, Fouzari, Schaller, Jacquier, Lefebvre, Fluck (puis Tochel), Lecoq, Moraly, Siegmann, Songné (puis Pavlov) et Daniel Roland, pour lAJA, a retenu Charbonnier, Darras, Goma, Diecirelski, Rabavroni, Achouri, Delbarre(puis Rémy) , Otokoré, Courtet, Soler et Vignola.
Pour Dominique Maingé, dans « LArdennais », cest « au terme dune bataille acharnée que Sedan a détrôné Auxerre. Les Ardennais furent admirables de courage et dabnégation devant des Auxerrois donnés favoris. Ils lemportèrent au finish grâce notamment à leur gardien Claude Pourchaux ».
Dans « LUnion », Michel Quentin senflamme : « la défense sedanaise ? Quel héroïsme en fin de partie ! Du roc. Les deux équipes voulaient en finir et pourtant la prolongation devenait obligatoire
»
Lentrée en matière des Ardennais nest pas ce que lon fait de mieux puisquun long dégagement de Charbonnier met Jacquier, peut-être gêné par le soleil, en difficulté. Le ballon retombe dans les pieds de lavant-centre auxerrois Soler qui échappe à Schaller et vient battre Pourchaux dun tir croisé à ras de terre. Sedan encaisse donc un but au bout de trois minutes
Le Flochmoan a décidé de changer le style habituel de léquipe en appliquant un marquage individuel tout terrain.
Mais, il en faut plus pour décourager les Sedanais et le stade, tout bariolé de vert et rouge , explose littéralement quand, à la 39 ème minute, suite à une faute sifflée à la limite des seize mètres auxerrois, Moraly se charge du coup franc, glisse le ballon à Siegmann dont la frappe du gauche, dune grande pureté, transperce le mur auxerrois et trompe Charbonnier !
Le temps additionnel puis les prolongations ne donnent rien et donc on en vient à la séance des tirs au but. Avantage Sedan grâce tout dabord à Moraly et Pourchaux qui stoppe la tentative signée Courtet, Pourchaux soppose encore à Darras mais ne peut rien contre le tir de Cieleski. Pavlov puis Fouzari réussissent dans leur entreprise. Jacquier doit, au terme dune série interminable, assurer le coup. « Le Frabrice-de-Nouvion" enlève tout espoir de retour au champion sortant en transformant son essai avec le concours du
poteau droit !
Parti la veille en vacances dans les Antilles, Guy Roux manque le
tour dhonneur sedanais !
« Dans la cité du vignoble, cest lAJA qui a
trinqué ! En état de grâce, Pourchaux a débouté les Auxerrois et, cest en chantant que le kop vert et rouge, fidèle douzième homme, na pas non plus craqué ! Salut, champions ! » écrit Philippe Mellet dans « LUnion ».
A lissue dun match au dénouement épique qui les a vus devenir champions de France, les Sedanais ne se privent pour goûter pleinement leur bonheur. Dans le vestiaire, Fouzari avoue « nous sommes fatigués », Songné informe quil ne retourne pas en Martinique car il « pleure trop au moment du retour », « grande saison et grande joie » confirme « Titi » Lefebvre et, enfin, Pourchaux, un des héros de la soirée, reconnaît quil est « sur un nuage !»
« Sedan revient dans lhistoire et cest vraiment extraordinaire de terminer la saison sur une telle performance » clame Francis Roumy et Michel Le Flochmoan reprend « cest le couronnement dune saison exceptionnelle » alors que le champagne de la victoire est versé dans le trophée offert au champion.
Les réservistes professionnels auxerrois sont renvoyés à leurs chères études, leurs bourreaux ajoutant une ligne de plus au palmarès du club ardennais. Ce qui rajeunit quelque peu Henri Nicolas qui avait aussi été sacré au terme de la saison 50-51.
Lancien arrière de lUAST a suivi le match à la radio et il est resté de tout cur en communion avec cette nouvelle génération. « Bouclette » na pas été le seul
Claude LAMBERT
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