Il y a 49 ans...
Ah ! Emile-Albeau
Durant toute son existence, le stade mythique de la cité de Turenne en aura vu « de toutes les couleurs », même lors des matches disputés « en lever de rideau ».
Que ce soit sur le terrain, dans les vestiaires ou même dans les tribunes ! Ici et là beaucoup de joie, de rires mais aussi de peine et de larmes
Parfois du courroux aussi
Les uns -souvent les joueurs- portés en triomphe mais aussi dautres -appelés « les hommes en noir »- connaissant linfortune à cause de leurs décisions. Ce fut le cas le 10 novembre 1957. Il y a -déjà- 49 ans
A lépoque, lUA Sedan-Torcy est en division 1 et elle a enrôlé lors de linter saison Pierre Bernard (Bordeaux), Michel Vandamme (Lille), Zacharie Noah (Saint-Germain) et sest séparée de Daniel Carpentier et Diégo Cuenca (Forbach), « Bébert » Eloy et Marcel Pascal (Limoges), ces deux clubs étant nouveaux dans le giron professionnel. Alex Rozak émigre aussi à Nîmes.
Les Ardennais débutent leur saison de façon catastrophique puisquils prennent une « déculottée » à Nice : 8 à 0 ! Tout aussitôt, le calendrier leur impose un nouveau déplacement et Ales est sans pitié. Décidément
Mais, lOM tombe dans les Ardennes : enfin
LUAST serait-elle à nouveau sur de bons rails ?
Avec son nouveau gardien Henri Polaniok et son attaquant-défenseur Max Fulgenzy -dit « Pétrolette »-, Sedan tombe lourdement chez le voisin rémois. Courant novembre, il a la possibilité de grappiller quelques points car, cette fois-ci, il opère coup sur coup à Emile-Albeau.
En premier lieu, les Sochaliens sont étrillés, preuve que les Sedanais, déjà victorieux en terre bitterroise, sont sur une pente ascendante
Et puis, voici lAS Saint-Etienne
« Abbes, Domingo, R.Tylinski vedettes nouvellement sorties ; Mekloufi, Njo-Lea « anciens de valeur », la venue de Saint-Etienne devrait permettre à Sedan de faire le point de ses possibilités actuelles » titre « LArdennais » qui poursuit « Si Saint-Etienne napparaît pas irrésistible, il nen demeure pas moins quil est actuellement le seul club invaincu de Nationale. Cest une référence des plus sérieuses
Notons que la défense de lEquipe de France est constituée essentiellement de Stéphanois et, parmi ceux-ci, Claude Abbes qui, à Bruxelles, a pris la place de Pierre Bernard. Ce dernier fut absent pour cause de maladie ».
Dans son édition du samedi-dimanche, « LArdennais » affirme « cest avec lespoir de demeurer invaincu que Saint-Etienne vient à Sedan mais Célestin Oliver et ses hommes tenteront de réussir lexploit qui consacrerait leur redressement ».
Les champions de France en titre ont jusque-là tenu en échec chez eux Béziers, Monaco, Nîmes, le Racing et ils craignent Sedan. La preuve, ils rallient les Ardennes dès le vendredi !
Et Sedan ? « Cest un rude adversaire devant son public ! Sedan vient de prouver quil savait être léquipe des « Ardents Ardennais » et devant Saint-Etienne il jouera avec le désir de réaliser lexploit. Il a tout à gagner dans ce match quil devrait aborder en toute quiétude. Louis Dugauguez maintient Gaemerynck à laile gauche ainsi que Stamm et Célestin Oliver conservera son poste de demi puisque « Loulou » Lemasson ne peut effectuer sa rentrée car il souffre toujours dun claquage ».
12 h 45, sur le terrain dhonneur, lever de rideau en Coupe Gambardella. Pour affronter le voisin mohonnais, Joseph Kusmir a convoqué Chopineau, Zanini, Barbin, Meunier, Liskawa, Moine, Duranton, Marbais, Buffet, Nicolas et Lanzoni.
Avec leurs maillots de couleur bleu, leurs aînés se présentent avec Bernard, Maryan, Christian Oliver, Fulgenzy, Célestin Oliver, Salzborn, Lefebvre, Gaemerynck, Breny, Tillon et Stamm.
Chez les « vert et blanc », on retrouve Abbes, Wicart, Richard Tylinski, Michel Tylinski, Ferrier, Domingo, Herbin, Mekloufi, Cristobal, Njo Lea et Goujon.
Lundi 25 novembre 1957. En page « une », « LArdennais » titre « Sedan : larbitre na pas osé affronter cette foule qui lattendait pour le huer » et, en page « Sports », ceci « En sifflant la fin de la partie sur un but quil refuse à Célestin Oliver, M. Schwinte prive Sedan dune victoire qui en faisait le premier « tombeur » de Saint-Etienne ».
Beau temps à Emile-Albeau où sont venus 7.972 spectateurs. On lit dans « LArdennais », en première page, sous une photo montrant des supporters amassés près du tunnel donnant accès aux vestiaires : « Ils étaient nombreux les spectateurs qui attendaient la sortie de larbitre du match Sedan-Saint-Etienne pour lui exprimer bruyamment leur mécontentement davoir privé Sedan dune victoire très importante. En refusant un but acquis à la 90 ème minute du match, M. Schwinte sest attiré les foudres des supporters et il na pas osé affronter ceux-ci malgré les grilles protectrices derrières lesquelles ils attendent. Escorté par la police, il regagnera Charleville en voiture
la gare de Sedan étant un autre point stratégique tenu
par ses adversaires. Ainsi -et cest bien mieux- tout incident fut-il évité ».
En définitive, Sedanais et Stéphanois se sont quittés sur un score de parité : 1 à 1. Alors que Breny expédie le ballon sur langle interne des buts (10e), ce sont les visiteurs qui ouvrent la marque : une passe de Ferrier met Njo-Léa en possession du ballon. Christian Oliver, ultime défenseur, tente de sinterposer, mais la balle, brossée par le pied du Sedanais, revient au Stéphanois qui, à quatre mètres à peine de Bernard, néprouve aucune difficulté pour le fusiller à bout portant (26e). Et le journal de préciser « on comprend la déception des supporters ardennais de voir leur équipe dominer et
encaisser un but ! Celui-ci fait leffet dune fustigation sur les hommes de Dugauguez qui, sur lattaque suivant la remise en jeu, descendent vers les buts gardés par Abbes ». Légalisation survient tout aussitôt : après quelques passes, Tillon, isolé à droite des buts, réussit un splendide retourné dont la trajectoire rencontre Gaemerynck, celui-ci prenant Abbes à contre-pied (27e).
« Lespoir est revenu dans les curs des Sedanais »
En seconde mi-temps, les tentatives ardennaises sémoussent sur une défense bien groupée.
La partie tire à sa fin et déjà quelques spectateurs quittent leur place quand, jouant le tout pour le tout, Célestin Oliver tente une percée solitaire et, des vingt mètres, il expédie la balle à Lefebvre qui tire. Le ballon revient en jeu. Célestin Oliver le reprend en pleine foulée et inscrit -ou croit inscrire- le but vainqueur.
Un reporter dune radio qui commente le match en direct hurle « Sedan marque un deuxième but
Il reste quarante secondes à jouer !»
En fin darticle, on lit « Hélas ! Larbitre -dont on ne peut dire quil dirigea cette rencontre car, tout au long du match, il se livra à des mimiques indiquant tel ou tel point du terrain, sans siffler, ce qui ne rimait à rien- indiquait dun geste véhément quil refusait ce but parfaitement valable, puisque la fin de la partie avait été sifflée alors que la balle avait déjà quitté le pied dOliver en direction du but ».
Larbitre suivait-il laction ? Non, cétait surtout la marche de laiguille de son chronomètre ! Avait il sifflé la fin du match : avant le tir ? Au moment du tir ? Alors, la balle avait-elle franchi la ligne ? Les avis sont partagés mais, quoi quil en soit, personne na entendu le sifflet et tout le monde croyait au but. Sauf larbitre
Mardi, « LArdennais » revient sur cette rencontre et titre « Avec la méthode adoptée en fin de match, le sort de Sedan-Saint-Etienne tenait à un coup de chance
Sedan aurait mérité den profiter ». On rapporte les propos de M.Schwinte entendus aux vestiaires : « je suis sûr de moi !
» Le journal écrit toujours « son arbitrage fut médiocre pour ne pas dire plus. Il est des arbitres que lon ne voit pas sur le terrain : ce sont souvent les meilleurs. M. Schwinte eut souvent un mauvais placement, détournant la balle ou gênant les joueurs en plusieurs occasions, pris des décisions très contestables et parfois à contresens, abusa des gestes et manqua
jusquà la 90 ème minute dautorité et de « vue ». Il a privé Sedan dune victoire
heureuse peut-être mais qui naurait pas été imméritée ».
La saison précédente, sur le terrain de Bordeaux, un arbitre refusa un but à
Célestin Oliver. En Gironde, il naccorda pas non plus aux Sedanais un penalty quil fut le seul à ne pas voir ! Ce jour-là, au sifflet, officiait un certain Pierre Schwinte
Claude LAMBERT
Note:
Claude Lambert recherche tout document photos, journaux, billets de match, affiches, programmes, etc concernant lHistoire du club de foot de Sedan depuis sa création.
Ses coordonnées :
Claude LAMBERT
5, rue de Montigny-aux-Bois
08 000 CHARLEVILLE-MEZIERES
Tel : 03 24 57 38 13
06 87 17 30 81
Internet: claude-lambert08@orange.fr